Prévenir les risques psychosociaux (RPS) : on vous dit TOUT !
Lesrisques psychosociaux (RPS) représentent un enjeu central pour les entreprises, quel que soit leur secteur ou leur taille. Stress, harcèlement, épuisement professionnel, tensions collectives : ces situations dégradent la santé des salariés, nuisent à la productivité et peuvent même engager la responsabilité de l’employeur. En 2025, la prévention des RPS n’est plus une option, mais une obligation légale et une nécessité managériale. Ce guide complet vous présente les règles, les outils et les actions à mettre en place pour prévenir durablement les risques psychosociaux.
Détérioration du climat social (turnover, absentéisme, démotivation).
Les RPS ont un impact direct sur la performance économique et humaine de l’entreprise.
Le cadre légal de prévention des risques psychosociaux (à jour 2025)
Obligation générale de sécurité (article L.4121-1 du Code du travail)
L’employeur doit assurer la santé physique et mentale de ses salariés :
Évaluer les risques.
Mettre en œuvre des actions de prévention adaptées.
Adapter les conditions de travail.
Intégration obligatoire dans le DUERP
Depuis la réforme de la loi Santé au Travail (2021), les entreprises doivent intégrer les RPS dans leur Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP), avec mise à jour :
Au moins annuelle.
Lors de toute modification majeure de l’organisation.
La Commission Santé, Sécurité et Conditions de Travail (CSSCT) peut être sollicitée spécifiquement.
Étapes clés pour prévenir les risques psychosociaux efficacement
1 – Identifier les facteurs de risques : une approche méthodique et documentée
L’identification des RPS est une étape indispensable. Elle doit s’appuyer sur une méthodologie rigoureuse combinant analyse qualitative et quantitative. Principaux facteurs de risques :
Dimensions
Exemples concrets
Intensité et temps de travail
Heures supplémentaires récurrentes, sous-effectif, délais irréalistes, travail de nuit, astreintes.
Exigences émotionnelles
Relations difficiles avec le public, nécessité de cacher ses émotions, situations de tension.
Autonomie et marges de manœuvre
Impossibilité d’organiser son travail, tâches très contraintes, peu de pouvoir décisionnel.
Rapports sociaux et relations au travail
Manque de soutien du management ou des collègues, conflits, harcèlement moral ou sexuel
Insécurité socio-économique
Peur de perdre son emploi, incertitude sur l’avenir de l’entreprise, précarité.
Sens du travail
Perte de sens, tâches inutiles ou contraires aux valeurs personnelles, absence de reconnaissance.
Méthodes et outils recommandés :
Entretiens individuels ou collectifs : focus groupes, analyses de postes, entretiens semi-directifs.
WAI (Work Ability Index) : évalue l’adéquation entre la santé du salarié et son travail.
Analyse d’indicateurs sociaux (quantitatif) :
Absentéisme récurrent.
Turnover élevé.
Multiplication des conflits internes ou des accidents de travail.
Observation de terrain :
Analyse des pratiques réelles (shadowing, immersion sur site).
Cartographie des tensions ou dysfonctionnements organisationnels.
2 – Évaluer la gravité des risques : une étape de hiérarchisation prioritaire
L’objectif est de prioriser les actions correctrices en s’appuyant sur une évaluation multicritères. Critères d’évaluation recommandés :
Critère
Questions clés
Fréquence d’exposition
Combien de salariés concernés ? Combien de fois par mois/semaine ?
Gravité potentielle
Quels impacts constatés ou possibles (santé mentale, productivité, accidents) ?
Vulnérabilité des populations
Y a-t-il des populations spécifiques plus exposées (salariés précaires, jeunes, seniors, femmes, encadrants) ?
Outils recommandés :
Grille d’analyse RPS INRS : permet de graduer les risques (faible, modéré, élevé).
Arbre des causes : en cas d’événements graves, pour remonter aux origines organisationnelles.
Matrices de cotation croisant fréquence et gravité.
3 – Mettre en œuvre des actions de prévention adaptées et durables
Pour être réellement efficace, la prévention des risques psychosociaux doit s’inscrire dans une démarche globale et progressive. Celle-ci repose sur trois niveaux complémentaires : agir à la source, limiter les effets et accompagner les personnes touchées.
Niveau
Objectif
Actions clés
Primaire
Éviter l’apparition du risque
Agir sur l’organisation, les conditions de travail, renforcer l’autonomie
Secondaire
Limiter l’exposition et ses effets
Former, écouter, prévenir les crises, outils de médiation
✅ Prévention primaire : supprimer ou réduire le risque à la source
L’objectif ici est clair : éviter que les risques n’apparaissent en s’attaquant à leur origine. Cela passe par une transformation durable de l’organisation du travail et des conditions de travail.
Principales actions :
✔️ Révision de l’organisation du travail :
Clarifier les objectifs, les missions et les responsabilités de chacun.
Repenser les processus pour réduire les zones de flou et les doublons.
Répartir la charge de travail de façon plus équitable entre les équipes.
✔️ Flexibilité organisationnelle :
Adapter les horaires et mettre en place un télétravail encadré.
Assouplir certaines règles pour favoriser les pauses et la récupération.
✔️ Amélioration des outils de travail :
Optimiser l’ergonomie numérique (logiciels adaptés, moins de tâches répétitives).
Mettre à disposition des moyens matériels adaptés et performants.
✔️ Renforcement de l’autonomie :
Déléguer davantage de responsabilités aux salariés sur des missions ciblées.
Leur offrir plus de liberté dans l’organisation de leurs tâches quotidiennes.
✔️ Amélioration de la coopération et du collectif :
Créer des groupes de projet transversaux pour favoriser l’intelligence collective.
Déployer des méthodes de codéveloppement entre pairs.
Encourager le partage d’expériences et de bonnes pratiques.
✅ Prévention secondaire : limiter les effets du risque si l’exposition existe
Lorsqu’il n’est pas possible de supprimer totalement les risques, il est indispensable de renforcer la capacité des salariés et de l’entreprise à y faire face.
Actions à mettre en place :
✔️ Formation et sensibilisation :
Former les équipes à la gestion du stress, à la prévention des conflits et à la communication bienveillante.
Former spécifiquement les managers à la prévention des RPS et à la gestion de situations sensibles.
✔️ Déploiement de dispositifs d’écoute et de soutien :
Mettre en place des cellules psychologiques externes (numéros verts, partenariats avec des psychologues).
Organiser des espaces de discussion internes (réunions de régulation, groupes de parole, ateliers de réflexion).
✔️ Renforcement des dispositifs de médiation :
Recourir à des médiateurs internes ou externes, en fonction des situations.
Formaliser des procédures claires de gestion des conflits et de traitement des signalements.
✅ Prévention tertiaire : accompagner et protéger les salariés affectés
Enfin, lorsque des salariés sont déjà en souffrance, l’objectif est de leur apporter un soutien adapté pour favoriser leur rétablissement et leur maintien dans l’emploi.
Mesures recommandées :
✔️ Accompagnement psychologique individualisé :
Prise en charge par le médecin du travail ou un psychologue du travail.
Soutien psychologique externe via des prestataires spécialisés.
✔️ Aménagement du poste de travail :
Réduction temporaire de la charge de travail ou adaptation des missions.
Repositionnement vers un poste plus adapté si nécessaire.
✔️ Dispositif de soutien médico-social renforcé :
Suivi rapproché par le médecin du travail.
Collaboration avec l’assistant(e) social(e) ou les représentants du personnel pour accompagner le salarié dans sa démarche.
La formation, levier obligatoire pour prévenir les RPS
La formation est l’outil le plus efficace et structurant pour prévenir les risques psychosociaux (RPS). Suivre un plan de formation CSE est un véritable investissement stratégique pour les entreprises qui souhaitent renforcer leur résilience et instaurer un climat de travail sain et durable.
Pourquoi former les équipes à la prévention des RPS ?
Les études menées par l’INRS et l’ANACT démontrent qu’une politique de formation efficace
Réduit de manière significative les cas de stress, de conflits et de harcèlement.
Favorise un cadre de travail apaisé, coopératif et plus respectueux.
Améliore la performance globale des équipes, tant sur la productivité que sur l’engagement.
Diminue l’absentéisme et le turnover, tout en renforçant l’attractivité de l’entreprise.
Selon l’INRS, les entreprises ayant formé leurs managers et élus CSE aux RPS ont constaté jusqu’à 40 % de baisse des conflits internes et un meilleur dialogue social.
Condamnation et versement d’indemnités aux salariés victimes
Réputationnelle
Atteinte à l’image de l’entreprise
Dégradation de la réputation, perte de confiance des salariés et des candidats
Bon à savoir :
Les conséquences financières et sociales peuvent être lourdes et durables. La prévention coûte toujours moins cher que l’inaction.
Conclusion : prévenir les RPS, une stratégie incontournable pour 2025
La prévention des risques psychosociaux est un chantier prioritaire qui allie obligation légale, impératif humain et levier de performance durable. Mettre en œuvre une politique structurée et outillée, intégrant l’évaluation, la formation, le dialogue social et l’ajustement continu, garantit des bénéfices multiples pour l’entreprise et ses collaborateurs.
Former, agir et dialoguer : telles sont les clés pour prévenir efficacement les RPS.
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