Trouble hypersexuel au travail : une addiction méconnue aux conséquences dévastatrices
Le trouble hypersexuel, également appelé hypersexualité ou addiction sexuelle, reste un sujet tabou dans le monde professionnel. Pourtant, ses impacts sur la santé mentale, les comportements au travail et les relations interpersonnelles sont bien réels. Longtemps ignorée ou minimisée, cette forme de dépendance mérite aujourd’hui d’être reconnue pour ce qu’elle est : un trouble du contrôle des impulsions aux conséquences graves pour les individus comme pour les entreprises.
Sommaire
- Une addiction silencieuse, souvent honteuse
- Des conséquences lourdes dans le monde du travail
- L’entreprise face à un défi de régulation
- Le rôle des services de santé au travail
- Prévenir les addictions sexuelles, c’est préserver la santé au travail
- Briser le silence, construire des réponses collectives
- FAQ
Une addiction silencieuse, souvent honteuse
Décrit dès les années 1980 par le psychiatre américain Patrick Carnes, et plus tard par Aviel Goodman, le trouble hypersexuel se manifeste par des comportements sexuels compulsifs, répétitifs et incontrôlés, malgré leurs effets négatifs. Trois formes principales émergent :
- La masturbation compulsive, parfois jusqu’à 15 fois par jour ;
- La multiplication des partenaires, facilitée par les applications ou les lieux libertins
- L’addiction au cybersexe et à la pornographie, alimentée par l’accès illimité à Internet.
Ce trouble concerne principalement les hommes – dans un rapport estimé à 30 hommes pour une femme – et toucherait entre 3 et 6 % de la population masculine selon les études nord-américaines.
Des conséquences lourdes dans le monde du travail
En entreprise, le trouble hypersexuel addiction peut provoquer une véritable onde de choc : baisse de productivité, désengagement, absences à répétition, isolement relationnel. Le salarié est souvent submergé par ses pulsions, ce qui l’éloigne de ses missions et de ses collègues.
Dans les cas les plus graves, des comportements inappropriés peuvent survenir : consultation de contenus pornographiques sur le lieu de travail, propos déplacés, voire gestes à connotation sexuelle. Ces actes peuvent relever du harcèlement sexuel ou des agissements sexistes, exposant les personnes concernées à des sanctions disciplinaires, voire un licenciement pour faute grave.
Par ailleurs, sur le plan personnel, cette addiction est susceptible d’entraîner des dépenses faramineuses ainsi qu’un éloignement des conjoints. Il en résulte un renforcement de l’isolement.
L’entreprise face à un défi de régulation
Face à cette forme d’addiction comportementale, les directions, les RH et les élus du personnel sont souvent démunis. Pourtant, il existe des leviers d’action pour prévenir les dérives et accompagner les salariés concernés :
- Éviter tout jugement moral et rappeler que le trouble hypersexuel est une maladie nécessitant un traitement adapté.
- Négocier une charte des comportements professionnels incluant les notions de respect, d’égalité et de prévention du harcèlement.
- Intégrer ce sujet dans les campagnes de sensibilisation sur les agissements sexistes et les violences sexuelles.
- Mettre à jour le règlement intérieur pour intégrer ces problématiques de façon transparente.
- Bloquer l’accès aux sites pornographiques via des outils adaptés.
- Former les managers, les référents harcèlement et les représentants du personnel à repérer les signaux faibles.
- Activer les dispositifs d’alerte interne (référents, lignes éthiques, expertises CSE…).
Il est essentiel d’orienter les personnes concernées vers des professionnels : psychologues, sexologues, addictologues. Les thérapies cognitivo-comportementales, les groupes de parole comme les DASA (Dépendants Affective et Sexuels Anonymes), ou encore la thérapie de couple sont autant de solutions éprouvées.
Le rôle des services de santé au travail
Les médecins du travail sont en première ligne pour détecter la souffrance psychique liée au trouble hypersexuel. Dans le cadre de la confidentialité médicale, ils peuvent proposer une évaluation à l’aide d’outils comme le TDAS (Test de Dépistage de l’Addiction Sexuelle) et orienter vers un accompagnement personnalisé. La direction et les représentants du personnel peuvent également faciliter cette orientation, dans un cadre confidentiel.
Prévenir les addictions sexuelles, c’est préserver la santé au travail
Le trouble hypersexuel entraîne une souffrance psychique intense, un isolement, une stigmatisation, et parfois des actes répréhensibles. Ne rien faire, c’est courir le risque de dégrader l’ambiance, la cohésion et la réputation de l’entreprise.
Ces enjeux sont approfondis dans l’ouvrage « Drogues et addictions au travail, comment les prévenir ? », coécrit par Jean-Claude Delgènes et le professeur Christophe Rogier, publié aux éditions Fauve. L’ouvrage propose une lecture pluridisciplinaire des différentes addictions en milieu professionnel – substances, écrans, jeux, sexualité – ainsi que des leviers concrets d’action.
Briser le silence, construire des réponses collectives
Reconnaître l’existence du trouble hypersexuel au travail, c’est déjà faire un pas vers la prévention. C’est aussi rompre l’isolement des personnes concernées et leur permettre de se reconstruire, dans un collectif de travail respectueux et informé.
Technologia, en tant qu’acteur engagé pour la qualité de vie au travail et la prévention des risques psychosociaux, plaide pour une prise en compte plus large des addictions comportementales et une évolution des pratiques managériales.
Jean-Claude Delgènes
Président fondateur du Groupe Technologia
FAQ
Qu’est-ce que le trouble hypersexuel ?
C’est une addiction comportementale caractérisée par des comportements sexuels incontrôlés, persistants et répétés, malgré leurs conséquences négatives sur la vie personnelle ou professionnelle.
Quels signes peuvent alerter en milieu professionnel ?
Absentéisme, isolement, perte de concentration, baisse de productivité ou comportements inappropriés sur le lieu de travail.
Que peut faire l’entreprise ?
Mettre en place des actions de prévention, former les équipes, adapter le règlement intérieur et orienter les salariés concernés vers un accompagnement spécialisé.
Existe-t-il des traitements pour le trouble hypersexuel ?
Oui : thérapies cognitivo-comportementales, groupes de soutien (DASA), accompagnement psychologique et sexologique.